Libre de rêver à nouveau : L’histoire d’une survivante
L’enfer sur terre
Pendant 13 années, Isabel Lima, Conseillère en soins de beauté indépendante et maman de trois enfants, a vécu dans la peur, subissant de mauvais traitements physiques, sexuels et émotifs infligés par son compagnon.
« Je n’avais en gros pas le droit de penser, de porter les habits de mon choix et il a essayé de m’éloigner de ma famille et de mes amis. Je devais demander la permission pour voir des amis trois semaines à l’avance et je savais qu’une dispute éclaterait lorsque l’heure de sortir sonnerait. J’ai raté des occasions spéciales, même être au chevet de mes proches dans les dernières heures, » dit Isabel.
« Je n’avais pas accès à l’argent gagné à la sueur de mon front. Ma paie était déposée dans le compte pour les factures, sa drogue et sa bière. Je devais me disputer avec lui pour acheter des habits aux enfants. Il me rappelait sans cesse que j’étais regardable mais loin d’être belle. Me rabaisser était sa manière de me contrôler » affirma-t-elle.
Isabel affirme qu’elle a subi des mauvais traitements tout le temps qu’a duré la relation, et même si elle ne l’avait jamais aimé, comme la plupart des conjoints violents, il était en mesure de sortir ses griffes dès le premier jour. Elle était constamment stressée et sa santé mentale et santé physique en ont été touchées.
Elle dit que les attaques de violence sexuelle représentaient l’aspect le plus difficile à accepter.
« Il m’a poussé à faire beaucoup de choses sans mon consentement et qui allaient à l’encontre de mes croyances. Des choses qu’un être normal ne ferait pas. Et, puisque j’étais sa femme, j’avais des ‘‘devoirs’’ à accomplir ».
Pourquoi rester alors?
En partie, parce qu’elle ressentait l’attente de ses origines européennes qui lui imposeraient de rester silencieuse et de subir la violence, comme certaines femmes sur qui les traditions mettent de la pression et le fait de vouloir maintenir une certaine
« image de la famille ».
« image de la famille ».
L’autre raison?
« Il a menacé de me tuer et de tuer les enfants si j’essayais de m’échapper. Il disait que si les enfants venaient à mourir, qu’on pourrait les remplacer. »
« Une autre manière de me garder à sa merci était de s’assurer que j’étais un accessoire s’il était arrêté pour tous les crimes qu’il avait commis. La liste était longue. Les autorités avaient un dossier solide contre lui, mais parce qu’il m’avait fait voir ces délits ou s’était assuré de me tenir au courant, toutes les charges ont été retirées pour me protéger. »
Je survivrai
Même si Isabel avait dit qu’elle n’avait jamais rêvé de s’en aller parce qu’elle savait que si elle essayait qu’il y aurait un risque de mort, elle a été poussée à bout une nuit.
« C’était la goutte d’eau de trop et je savais qu’il ne me restait que des moments à vivre. Le courage découle de la survie. Jusqu’aujourd’hui, je suis toujours impressionnée par la manière dont je suis passée de victime au mode survivante. »
Ses trois enfants et elle, se sont enfuis dans leur fourgonnette avec un pare-brise gelé et avec sa fille qui avait sorti sa tête par la fenêtre pour la guider sur la voie. Puis, tout à coup une chanson qu’elle ne pouvait pas ignorer passait à la radio
« Croyez-le ou pas, pendant que tout ceci se passait, la chanson I will survive (Trad. : Je survivrai) de Gloria Gaynor passait à la radio... Et, il y a des personnes qui pensent que la vie ne leur envoie pas des signes!! »
Avec l’aide de sa meilleure amie, Isabel trouva un refuge assez loin de la maison qui acceptait les enfants et avait des fenêtres pare-balles. Elle y est restée avec ses enfants pendant deux mois. Même si elle a admis qu’elle n’avait jamais imaginé finir dans un refuge, elle remercia le ciel pour cela, car c’était un endroit sécuritaire et la transition parfaite pour leur nouvelle vie.
Un beau nouveau départ
Même si Isabel a dit que c’était se battre pour sa vie qui était la dernière goutte de trop, décider de lancer une entreprise Mary Kay a été le catalyseur du changement.
Elle a entendu parler de l’opportunité Mary Kay lors d’une session de coiffure (sa demi-sœur était sa coiffeuse à l’époque parce que c’était la seule manière pour elle d’avoir le droit de se faire plaisir et de passer une soirée entre filles). « C’était normalement elle qui fixait les rendez-vous mais elle reçut un appel parce qu’il était temps pour elle de refaire sa coloration de cheveux. C’était bizarre pour moi que ce soit elle qui m’appelle pour fixer un rendez-vous, mais bon qui étais-je pour me plaindre. J’acceptai. »
Au cours du rendez-vous, elle se rappelle avoir entendu la sonnette de la porte retentir et sa demi-sœur dire : « Oups, j’ai oublié de te dire qu’une Conseillère en soins de beauté Mary Kay viendrait pour une séance de soins de beauté... »
Ayant reçu des soins de beauté en 1996, elle avait aimé Mary Kay et savait à quoi s’attendre. Et, pour une personne très timide, elle a parlé des produits tout au long de la soirée et a à peine laissé la Conseillère prendre la parole.
« Et, tout ceci, pendant que j’avais le produit de coloration sur les cheveux! », blagua-t-elle.
Quelques semaines plus tard, elle reçut un appel pour être mannequin à un dîner de métamorphose. « Et, puisqu’il ne m’était pas vraiment permis de sortir, le cadre était juste parfait. C’était au restaurant préféré de mon ex-compagnon et le souper était à un bon prix, il accepta donc. »
Sur le trajet du retour à la maison, et après avoir pris connaissance des avantages financiers, son ex dit : « Tu feras cette histoire de Mary Kay et gagneras de l’argent. »
À ce moment, dit Isabel, il y a eu le déclic.
« Je n’avais jamais eu envie de lancer une entreprise Mary Kay. Pas parce que je n’aimais pas cela, mais parce qu’il ne servait à rien de rêver. J’étais dans une situation où je n’avais même pas le droit de penser, encore moins le désir d’accomplir quelque chose pour moi-même. Je sus alors que ce serait ma chance de sortir de la maison et me faire plaisir pendant que je rencontrais et rendais belles des femmes. Il n’a jamais été question d’argent pour moi, mais de liberté. »
Après avoir lancé son entreprise Mary Kay, Isabel dit que sa vie changea : elle avait pris confiance en elle et commençait aussi à sourire.
« Ma confiance nouvellement trouvée, le rendit fou. Il était sonné de voir que je devenais plus forte et que je devenais celle que j’étais censée être toute ma vie. »
Un avenir de liberté
Même si tous les cas ne sont pas pareils, le rétablissement peut être un long processus pour les survivants d’abus. Isabel a dû avoir besoin de beaucoup de sessions de thérapie, d’appui et d’amour-propre.
« Je dois reconnaître que j’ai été très chanceuse d’avoir reçu beaucoup d’aide du système, de mes amis et de ma famille Mary Kay. Je vais très bien aujourd’hui », dit-elle. Il m’arrive de rechuter, mais j’ai appris à détecter les symptômes avec le temps et à les surmonter facilement. Le trouble de stress post-traumatique existe vraiment. Cela ne peut pas être ignoré et doit être soigné. »
Aujourd’hui la vie d’Isabel tourne autour d’elle. Elle a reconnu le fait que les gens qui la connaissent aujourd’hui ne pourraient jamais imaginer qu’elle ait été victime de violence familiale.
« Je suis actuellement reconnaissante du fait que je sois passée par là, car sans je ne serais pas en train d’aider les femmes qui sont dans cette situation. »
Isabel pense qu’il est important d’ajouter que parfois des femmes gardent le silence sur les violences parce que cela est source de honte pour leur famille et communauté.
« Je devais garder l’image de la fille parfaite dans ma communauté. Mon père m’encourageait toujours à retourner chez mon bourreau », dit-elle en ajoutant : Notre pays est tellement multiculturel que beaucoup de femmes sont dans des situations similaires et n’arrivent pas à sortir de là à cause de leur famille. Elles ne bénéficient pas du soutien dont elles ont besoin. C’est seulement lorsque mon père m’a accompagné voir un avocat pour examiner mon cas qu’il était finalement en mesure de faire la paix avec moi et de me soutenir.
Les questions les plus fréquentes qui lui sont posées : « Comment as-tu fait pour t’en sortir? »
Ma réponse a toujours été : « VOUS êtes la seule à pouvoir prendre cette décision; lorsque vos convictions sont claires sur savourer votre liberté toute votre vie. »
Isabel a dit que c’était la décision la plus dure qu’elle n’ait jamais prise, mais de loin la meilleure.
« La liberté est le meilleur cadeau qu’une femme puisse avoir et elle est trop bonne pour être perdue », dit-elle en ajoutant : « Je peux encore rêver. Aujourd’hui, je ne suis pas une survivante, mais VICTORIEUSE.»